voir
le site de benoit joachim www.benoitjoachim.com
|
3ème étape
Bien sûr aujourd'hui, c'est la joie
qui prime sur la fatigue! Avoir le maillot de leader dans un des trois grands
tours qui se situent au même niveau, c'est toujours important pour un coureur
professionnel. Ok le Tour a plus de prestige, mais la vuelta, c'est quelquechose!
c'est vraiment un tour très dur, tous les coureurs le savent.
Les
circonstances de la course depuis 3 jours me font beaucoup parler de notre équipe,
c'est normal, le maillot ORO a changé 3 fois d'épaules! ... et à
chaque fois je l'ai sous les yeux à l'hotel de l'US Postale! Je l'ai
même sous les yeux depuis 2 jours, (c'est peut-être pour ça
qu'il était si tentant !!! ), car mon copain Max Van Heeswijk qui l'avait
hier partage la même chambre que moi. Le maillot a juste changé
de cintre dans notre chambre ce soir!
Aujourd'hui encore, à travers
la course que j'ai vécue, je suis bien obligé de parler de moi !!!
Je
suis quand même un peu déçu qu'il y ait eu autant de bourrasques
sur la route car cela a irrémédiablement condamné notre échappée. Quand
on avait près de 10minutes d'avance, j'ai tenté de faire comprendre
à mes compagnons d'échappée, que ce n'était vraiment
pas le moment de la jouer malin en levant le pied car je savais qu'à
50 km de l'arrivée à 4, avec le vent qui commençait à
se lever sérieusement contre nous!, on prenait de grands risques de la
faire exploser et c'est ce qui est arrivé.
Je suis franchement
déçu car on aurait facilement pu prendre beaucoup plus de temps
avec le vent dans le dos s'ils avaient roulé plus fort et là le
peloton aurait vraiment capitulé, il n'y a qu'à voir ce qu'on fait
les Saeco qui ont arrêté la chasse qu'ils menaient à 8 derrière
nous sans reprendre beaucoup de temps.
Quand Bruyneel est venu me parler,
il m'a conseillé lui aussi d'en garder quand même un peu sous la
pédale, comme les 3 autres, pour pouvoir soit : jouer l'étape, soit
garder assez de forces pour rester dans les roues du peloton si jamais celui-ci
revenait. On savait en effet, que le vent serait contraire, plutôt 3/4,
mais vraiment pas de cette force là. Après ça j'ai roulé
comme les autres, mais voyant qu'on perdait trop de temps je me suis remis à
bloc dans des relais plus appuyés que les autres.
Il s'est mis à
y avoir des rafales à décorner les boeufs, du genre 60 à
80kmh, je dis ça au pif, car j'étais plus occupé à
garder la cadence le nez dans le guidon, avec le vent carrément de face. On
était à la limite de la tempête, ça je m'en rendais
bien compte !
Je t'en dis un peu plus tout à l'heure, car j'ai plein
d'appels, massages, repas ...
la-vuelta.com:
qu'est ce qui s'est passé exactement pour toi lorsque le peloton est revenu
9 km avant l'arrivée ?
Depuis quelques km, je
savais qu'on serait rejoints, mais que j'avais la possibilité d'endosser
l'ORO si je parvenais à prendre le peloton en marche quand il allait fondre
sur nous 20kmh plus vite. J'ai levé le pied quelques minutes avant d'être
repris, en pensant fortement à ce changement de rythme soudain auquel j'allais
devoir m'adapter.
On a été repris et le changement de cadence
a effectivement été très éprouvant, ça roulait
vraiment vite, il pleuvait, la route était assez étroite, sinueuse
et tout à fait casse gueule avec les trombes d'eau ...
Je me suis
accroché comme j'ai pu en restant dans le peloton. Avec la pluie, les
efforts, je ne voyais pas qui était à côté, je pensais
en priorité à rester sur la route ... et à la bonne vitesse
!
A 3 kms de l'arrivée, juste avant un pont alors que je devais
être entre la 40ème et la 80ème position, on roulait à
bloc sous un vrai déluge,
il y a eu une
chute qui a vraiment étiré le peloton. J'étais
à 200m et j'ai failli moi aussi chuter.
C'était vraiment dangereux ! La
bosse grimpée à fond avant l'arrivée n'a pas arrangé
les choses, je me suis déchiré pour arriver à conserver les
18" secondes de bonif acquises pendant l'étape.
Finalement
j'arrive avec Max, et pas loin de Manuel, mais sans vraiment savoir à côté
de qui j'étais ne voyant même pas mes coéquipiers tant l'averse
nous cinglait le visage.
Je prends finalement le Maillot ORO pour 16"
et je suis "le plus heureux des coureurs cyclistes" ce lundi 6 Septembre
2004.
Comme on s'en doute je pense déjà à demain,
alors dodo !
|